Autoroute Est – Ouest : La dégradation gagne du terrain
Beaucoup a été dit et écrit sur le « projet du siècle » et le scandale financier qui a fini par éclabousser les plus hautes autorités du pays. Il s’agit en l’occurrence de l’autoroute Est Ouest qui continue à susciter, plus de 10 ans après, incompréhension et interrogations quant, à la fois, à la qualité de sa réalisation et les surcoûts énormissimes qu’elle a engendré.
Elle est devenue aujourd’hui, au niveau d’un grand nombre de tronçons un véritable danger pour les automobilistes. Réalisée initialement dans une large partie par un consortium d’entreprises chinoises, elle connaît, à peine quelques temps après sa livraison à la circulation, de grandes opérations de réfection confiées à des entrepreneurs nationaux, publics et privés. Des malfaçons qui ont provoqué des accidents meurtriers sur des portions bien connus par les utilisateurs. C’est le cas notamment des zones situées dans les wilaya de Ain Defla, Blida, Bouira, et Bordj Bou Arreridj.
Censée assurer la fluidité de la circulation routière sur un axe stratégique du pays, l’autoroute Est Ouest se transforme par plusieurs endroits en un goulot d’étranglement avec des embouteillages tout aussi stressants que précédemment sur la RN 5 avec ses interminables files de voitures et de poids lourds.
Une prolifération de crevasses
En effet, on constate une prolifération inédite de crevasses de craquellements de la chaussée obligeant ainsi les conducteurs à tenter les éviter, parfois au risque de se faire violemment accrochés par des véhicules arrivant à grande vitesse sur le coté. Seule une voie est ainsi disponible à la circulation créant des embouteillages sur plusieurs kilomètres. Cette situation est même aggravée par temps de pluie et de roulage de nuit.
La détérioration de cette importante infrastructure routière dure depuis plusieurs années et semble s’empirer de plus en plus, en raison de l’absence des opérations d’entretien et de réparation des tronçons concernés. La wilaya la plus touchée reste sans conteste celle de Bouira avec une chaussée particulièrement abimée entre Lakhdaria et Bechloul. Sur des dizaines de kilomètres, les automobilistes sont contraints de redoubler de vigilance pour slalomer entre les crevasses en toute sécurité et surtout de s’armer de patience face à la longueur des files de véhicule. La vitesse de croisière ne dépasse alors, guère les 40 – 60 km/h et par endroits, les arrêts et redémarrages sont de rigueur.
Une négligence meurtrière
Il en est de même pour la wilaya de Bordj Bou Arreridj avec des zones dangereuses entre El Achir et le chef lieu de wilaya. Des détériorations de la chaussée sont répertoriées par les usagers depuis plusieurs années, mais qui ne semblent pas attirer l’attention des responsables du secteur. Et même la multiplication des accidents provoqués, précisément, par l’état de la route ne suscite pas des réactions en vue d’engager rapidement les travaux de réfection. Tout récemment, un taxieur s’est fait embroché par un véhicule utilitaire, surpris, sans doute par la crevasse devant lui, et qui s’est subitement engagé sur la voie de gauche, percutant de plein fouet le taxi en question.
C’est dire qu’aujourd’hui l’autoroute Est Ouest est loin d’être cette voie qui permet de réduire sensiblement la durée des déplacements, mais aussi et surtout de créer les conditions favorables pour un voyage serein et sécurisé.
A l’évidence, cette détérioration continue, s’apparente à une négligence qui en dit long sur le désengagement regrettable des autorités concernées par rapport à la seule voie de circulation rapide en Algérie.
En attendant une prise de conscience salutaire de la part de ces responsables, les automobilistes prennent leur mal en patience et tentent de s’habituer tant bien que mal à ce calvaire routier.
B.Bellil