Crise automobile en Algérie : Ce qu’il faut savoir

La plongée dans les abysses de l’incertitude pour le secteur automobile en Algérie, ne semble pas connaitre de répit. Aucune perspective de dénouement n’est envisageable pour l’exercice en cours. Les prévisions les plus optimistes tablent sur le premier semestre de 2022, pour voir des véhicules neufs débarquer probablement sur les quais de nos ports.
Nous proposons ci-après, un retour sur les principaux éléments composant cette équation aux solutions, jusque là impossibles.

Importations de véhicules neufs

2016 a été l’année où on avait enregistré les dernières importations de quelques 100 000 véhicules neufs par des concessionnaires officiels. Le relai était repris par une poignée d’opérateurs, triés sur le volet et sensés faire de l’assemblage, mais qui se contentaient de faire des importations déguisés de véhicules entièrement montés. Un scandale qui a éclaboussé aussi bien les opérateurs concernés, mais aussi leurs sponsors au plus haut niveau de l’Etat.
La reprise de ces importations aujourd’hui, est l’objectif activement recherché par une pléthore de candidats à l’activité de concessionnaires et fortement attendus par les citoyens et les professionnels des transports.

Crise économique, pandémie et réserves de change

Ce n’est un secret pour personne, que l’Algérie subit depuis plus d’une année et demie une sévère crise économique et financière due essentiellement à la baisse considérable de ses rentrées en devises et un profond déséquilibre de sa balance commercial. Cette situation est accentuée par un amenuisement soutenu de ses réserves de change. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le pays, comme le reste de la planète, a été fortement secoué par la pandémie du covid-19 qui a mis à mal le système sanitaire national et a profondément déstabilisé l’appareil économique national. Un argument massue que beaucoup d’experts ont tenu à mettre en avant pour justifier la priorisation décidée par le gouvernement dans ses dépenses destinées à couvrir les importations. Le choix était porté naturellement vers la préservation de la santé de la population et l’importation des équipements médicaux, des médicaments et autres vaccins.

Concessionnaires automobiles

Les candidats à cette activité réglementée par le cahier des charges n° 21-175 du 9 mai 2021, et face aux hésitations du ministère de l’industrie et aux manquements du comité technique, en charge de la réception et de l’examen de ces dossiers, ont décidé de monter au créneau et exprimé publiquement leur colère. Ils ont interpellé en premier, le Président de la République pour le sensibiliser sur le bien-fondé de leurs revendications et espérer un arbitrage de sa part. En second, ils se sont adressés au ministre de l’industrie pour lui faire part d’un certain nombre de griefs, dont leur mécontentement devant le non respect des clauses réglementaires par le comité technique et aussi, remettre en cause les décisions de rejets émises à l’encontre de certains.

Silence du gouvernement

Ni le boucan médiatique soulevé par ces opérateurs candidats à l’activité de concessionnaire, ni l’impatience et l’incompréhension des citoyens, n’ont pu susciter une once de réaction de la part du gouvernement, ou tout au moins de la part du département concerné, en l’occurrence, le ministère de l’industrie qui se mure dans un silence assourdissant. Et même si le contexte économique et financier actuel ne serait pas favorable à une reprise immédiate de ces importations, d’aucun assimilent ce manque de communication à une forme de mépris à l’égard d’une population en attente de ce moyen de locomotion, indispensable par les temps qui courent, et qui est loin d’être « un luxe ». D’autant qu’il y a eu un engagement officiel des hautes autorités du pays, pour un retour à une situation normalisée « avant la fin du mois de juin (écoulé)».

Véhicules d’occasion

C’est sans aucun doute l’unique chapitre dans lequel l’Algérie enregistre une performance remarquable digne du Guinness des records. Il s’agit des niveaux de prix atteints par des véhicules d’occasion, dépassant parfois de deux ou trois fois le prix du neuf. Une situation regrettable dont souffre énormément le citoyen et contre laquelle, il espère un déblocage de la loi permettant l’importation de véhicule de moins de 3 ans et pourquoi pas l’étendre à ceux de moins de 5 ans. Un texte qui sommeille depuis longtemps dans le fond des tiroirs du gouvernement.

Service après vente

La crise de l’automobile ne doit pas se limiter à la seule problématique du retour aux importations, ni aux revendications de certains opérateurs, elle touche d’une manière critique l’activité de service devant être assumée par les concessionnaires. Aujourd’hui, il n’y a pas que la pénurie de véhicules neufs qui affecte le quotidien des citoyens, il y a également un déficit chronique dans la prise en charge efficace et professionnelle de ses doléances en matière d’entretien, de réparation et de disponibilité de la pièce de rechange d’origine. La défaillance des tenants du pôle et la faillite depuis plus de trois années d’un grand nombre d’opérateurs dans le secteur, a contraint les automobilistes à recourir aux services des concessionnaires historiques qui ont élargi leur activité au multimarque, à certaines franchises internationales dont la réputation est bien établie, ainsi qu’à des garagistes de quartiers.
Ceci étant, le dénouement de cette crise qui polarise les attentions, est loin d’être du seul ressort d’un département technique. Elle a un prolongement politique indéniable.

B.Bellil

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