Déclaration du ministère de l’industrie sur l’importation de véhicules : Une signature, des menaces et le suspense qui dure
Lundi en début de soirée, un communiqué relayé par l’agence de presse officielle annonce la signature par le ministre de l’Industrie d’autorisations provisoires pour l’importation de véhicules neufs au profit de quatre concessionnaires automobiles.
Ce document précise que le comité technique chargé de l’examen et du suivi des dossiers relatifs à l’exercice de cette activité a « notifié des levées de réserves pour quatre autres concessionnaires et un avis défavorable pour deux concessionnaires ayant la possibilité de présenter un recours ». Le ministère précise également que « cette première partie des dossiers déposés à ce jour sera suivie d’autres dossiers présentés au comité, par ordre d’arrivée et selon la catégorie de véhicules au titre desquels la demande est formulée ».
L’information inédite contenue dans ce nouveau communiqué du département de Ferhat Aït Ali, comparativement aux précédents, c’est la « signature de quatre » de ces fameux sésames au profit de leurs bénéficiaires. Pour le reste, le texte du ministère s’apparente plus à une mise en garde avec des menaces à peine voilées adressées, à la fois, à la presse et aux candidats disqualifiés, qu’à annoncer une quelconque évolution dans le secteur. Le suspense reste entier. La rétention de l’information sur l’identité de ces opérateurs est même publiquement assumée, « le ministère informe que les notifications de décisions sont destinées ‘’uniquement aux intéressés’’ et ne sont pas portées à la connaissance du public ». Après avoir dénié au citoyen le droit de regard sur ses priorités lors d’une déclaration à la Radio nationale Chaîne1, le ministre revient à la charge en lui signifiant qu’il n’a pas, non plus, le droit de prendre connaissance de l’identité de ces concessionnaires et surtout des marques qu’ils vont représenter. Une aberration supplémentaire concernant une activité d’essence publique positionnée au cœur même des préoccupations du citoyen.
La presse n’a pas, elle aussi, été épargnée par cette nouvelle sortie du ministre. Elle est invitée à s’abstenir de « toute surenchère et publication de fausses informations ». Elle est même accusée, pour « certains médias », d’être le porte-voix de « certaines parties, tant internes qu’externes, aux intérêts contraires à ceux de l’économie nationale… dans le but d’influer sur la démarche du ministère de l’Industrie dans le sens d’une démarche non conforme à la réglementation édictée par les pouvoirs publics ». Pas moins !
On relèvera aussi le même recours au répertoire linguistique des années de plomb, pour menacer les « parties n’ayant pas déposé de dossier sur le portail prévu à cet effet et qui s’acharnent, par l’invective et la désinformation, à semer le doute sur la démarche des pouvoirs publics » qu’elles feront l’objet « à l’avenir de procédures prévues par la loi à cet effet ». Et dire que cet exercice rédactionnel, digne de la pensée unique, ne concerne, en définitive, qu’une simple activité de vente de voitures.
On retiendra, enfin, de cette déclaration du ministère de l’Industrie, une information, la signature de 4 autorisations provisoires, le refus de rendre publique l’identité des nouveaux concessionnaires, deux menaces et le suspense qui se poursuivra encore.
B.Bellil