En l’absence des européennes et des japonaises : Quelles marques automobiles pour le marché algérien ?

A un moment où l’automobile mondiale entre de plain-pied dans l’ère de l’électrique, de l’hybride de nouvelle génération, du véhicule solaire, des carburants propres, de la conduite autonome, des technologies les plus innovantes, chez nous, les préoccupations sont d’une autre nature, d’une autre dimension, d’un autre temps.
Le citoyen est contraint de guetter les balbutiements des uns et les bribes d’informations livrées à doses homéopathiques par les autres, autour d’une seule question, à quand la disponibilité de ce moyen de locomotion, indispensable et loin d’être « un luxe » au regard du délabrement des transports en commun ?
Et de nouveau l’actualité automobile nationale est ravivée par de nouvelles sorties médiatiques du ministre de l’industrie. On retiendra une information, celle relative à la publication attendue des premières attributions de récépissés aux demandeurs d’agrément pour l’activité automobile, et ce, dès ce dimanche. Une journée qui coïncide, par ailleurs, avec la tenue du Conseil des ministres réservé à la seconde partie des bilans d’activité des différents secteurs ministériels.
Enfin, la remise des récépissés
Ce sont, ainsi, 40 prétendants dont les dossiers seraient en conformité avec les exigences des cahiers des charges liés à cette activité, qui passeront l’examen de passage auprès des comités techniques installés à cet effet. Un retard de plusieurs semaines par rapport aux obligations réglementaires qui limitaient à un mois d’attente après le dépôt du dossier et l’établissement d’un récépissé. Or le recours exclusif à la plateforme numérique pour les dépôts, a permis un contournement de cette clause et retarder la délivrance des récépissés.
Il est à souligner que la composante des demandeurs est en totalité nationale, puisque les étrangers en sont exclus.
Dans l’attente de ce dévoilement, tant attendu, il est d’ores et déjà prévu l’absence des principales marques qui ont toujours alimenté le marché algérien en véhicules de tous genres. Il s’agit, de Toyota, Mitsubishi, Suzuki, Daihatsu, Hyundai VP, Peugeot, Citroën, Opel, Renault, Dacia, Volkswagen, Seat, Skoda… Autant dire les labels affectionnés depuis des lustres par les clients algériens. Rappelons, au passage, que Suzuki avait décidé de reprendre son partenariat avec son représentant historique Elsecom, mais qu’il se doit, au préalable, de solder sa collaboration avec le groupe Tahkout.
Quels seront, donc, ces futurs concessionnaires automobiles et de quelles marques sera constituée l’offre pour 2021 ?
Nissan, KIA et JAC dans
les starting-blocks
Seule certitude, la présence parmi les candidats, de Nissan avec son représentant, le groupe Hasnaoui, KIA à travers son nouveau partenaire, Aurès Passengers Cars (APC) pour le véhicule particulier et Hyundai camions avec Aurès Commercial Véhicle (ACV) ainsi que JAC pour l’utilitaire. Pour le reste, l’on s’attend à une offensive de marques chinoises qui auront à suppléer l’absence des européens et des japonais.
Une situation inédite qui risque de tourner définitivement la page de la professionnalisation du secteur, notoirement constatée avant l’OPA de Bouchouareb. Un retour à la case de départ avec une expertise dans le service après-vente bien en deçà des standards internationaux. Encore une fois, c’est le citoyen, à qui Ferhat Aït Ali dénie le droit de regard sur ses priorités, qui en pâtira.
L’on assistera sans doute et sous réserve d’une hypothétique reprise des importations, à une configuration du marché à dominance chinoise.
Et même si la qualité et les prix des produits de l’Empire du milieu ont sensiblement évolué, l’on peut craindre que les nouveaux opérateurs ne soient séduits par des gammes inférieures, pour préserver la rentabilité commerciale.
Il est à rappeler que durant les années précédentes, plus de 35 marques chinoises ont fait un passage éphémère sur le marché algérien. Des concessions se constituaient le temps d’écouler des stocks, mettre les clefs sous le paillasson et s’en aller vers une nouvelle aventure en abandonnant sur le carreau, des dizaines de clients sans assistance technique ni disponibilité de pièces de rechange.
    Menace sur des parts de marché
En théorie, le cahier des charges relatif aux concessionnaires accorde un intérêt particulier à ce volet de la distribution et aux droits des clients, mais souvent, les différentes politiques pêchaient par un manque de suivi et de contrôle durant leur mise en application.
Quelle sera la réaction des marques absentes face à un marché qui fait sa énième mutation ? Quelle sera leur stratégie pour reconquérir des parts de marché laborieusement conquises des années durant ?
Avec la consécration de la règle 51/49 pour l’activité de revente en l’état, c’est un dilemme cornélien qui s’impose aux filiales et aux sociétés étrangères qui activaient précédemment. Opter pour une joint-venture avec un partenaire local, ou se résigner à se délester de l’activité distribution ?
Au volet fabrication, le ministre revient sur ces deux constructeurs, déjà évoqués il y a plusieurs mois, l’un européen et l’autre asiatique, qui seraient intéressés par un investissement dans le cadre « de gros projets d’industrie mécanique qui généreront des écosystèmes dans lesquels évolueront plusieurs de leurs équipementiers et sous-traitants ».
En attendant, d’autres opérateurs nationaux et étrangers ont déjà postulé pour cette activité avec des projets d’envergure.
C’est dire qu’en tout état de cause, le suspens reste de mise autour d’un dossier qui ne laisse guère indifférent.
B. Bellil       

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