Importations de véhicules en Algérie : Dans l’attente du programme 2024
L’année 2023 aura, finalement tenu ses promesses de reprise de l’activité automobile en Algérie et de disponibilités de véhicules neufs proposés par les concessionnaires officiellement installés.
En effet, le second semestre de l’exercice écoulé a permis aux quelques marques ayant décroché le fameux sésame (l’agrément définitif), d’entamer l’approvisionnement du marché local sur la base d’un programme d’importation élaboré par les autorités compétentes et réparti en quotas entre les unes et les autres. 180 000 véhicules devraient être acheminés dans les ports algériens et répartis entre les constructeurs selon des quotas variant entre 65 000 unités pour Fiat, 39 000 pour Geely, 10 000 pour Chery, 7 000 pour JAC, 7 000 pour Sokon, 5 000 pour Citroën, 4 000 pour Opel ainsi que d’autres volumes de moindre importance pour des marques d’engins de travaux publics, de tracteurs et autres motocycles, soit une enveloppe financière globale de l’ordre de 1,9 milliard de dollars. Ces importations concernent aussi bien les véhicules touristiques qu’utilitaires.
Et ce sont autant de clients algériens qui ont pu, après plus de 5 années de privations et d’illusions perdues, acquérir, enfin, leur objet de rêve, mais aussi le moyen de mobilité familiale et professionnelle tant espéré.
Une relance laborieuse
Il est à noter que cette relance de l’activité automobile s’est opérée dans des conditions peu reluisantes, se situant aux antipodes des normes et des standards en vigueur dans la profession. L’une des raisons de ces manquements à l’éthique, c’est, principalement, la perte de tous les repères organisationnels acquis laborieusement, tout au long de ces deux dernières décades. Et face à cette régression programmée, les opérateurs étaient contraint de repartir de la case départ avec la refonte de l’ensemble des étapes organisationnelles dans le processus d’importation, à savoir, l’homologation des véhicules, les commandes auprès des constructeurs et l’acheminement par navires, la réception et le débarquement dans les ports du pays, le dédouanement, le transport par camions vers les sites de livraison, la distribution, l’accueil des clients, la commercialisation, le service après-vente etc…
Et c’est, sans doute, pour toutes ces défaillances professionnelles et aussi par manque de préparation, que certains concessionnaires n’ont pas été en mesure d’assumer entièrement les quotas qui leur étaient affectés.
La complication de Bab-el-Mendeb
Un manque à réaliser qui n’aura pas permis, en définitive, d’accomplir entièrement le programme 2023.
Des quotas n’ont pas été consommés au détriment de milliers de clients algériens en attente.
Le directeur central au ministère de l’industrie en charge de l’intelligence industrielle, évoquait récemment ces imperfections et soulignait que des évaluations sont en cours pour en connaitre les raisons. Pour lui, « ce retard inacceptable affecte directement la stabilité du marché automobile ».
Cette situation s’est aggravée, par ailleurs, avec la crise sécuritaire qui sévit dans la zone de la mer rouge et le détroit de Bab el Mendeb, obligeant les navires à faire de longs et coûteux détours. En plus d’importants retards dans la livraison des véhicules, c’est surtout des surcoûts de fret qui seraient de l’ordre de 3 000 à 6 000 dollars supplémentaires.
En quête de quotas
Ceci étant, les regards sont aujourd’hui braqués vers le ministère du commerce qui doit élaborer le programme d’importation pour 2024 et déterminer les quotas fixés aux uns et aux autres. Il est d’ores et attendu que ces volumes devraient aussi intégrer les concessionnaires actuellement en attente des agréments définitifs et qui ont finalisé les préparatifs techniques pour l’entame de leurs activités. Ils viendraient donc s’ajouter aux 44 opérateurs déjà en exercice.
Parmi ces derniers, plusieurs ont réellement occupé le terrain ces derniers mois, achevé les opérations de structuration des succursales et du réseau d’agents agrées, consommé les quotas qui leurs étaient attribués et s’inscrivent désormais dans une pérennisation et une stabilisation de leurs concessions. Il va sans dire que de lourds investissements ont été consentis dans l’installation, les équipements et aussi la formation des personnels techniques et commerciaux.
La crainte d’une autre période d’immobilisation
Néanmoins, le retard pris jusque-là dans la préparation du programme 2024 laisse planer de l’appréhension quant à la continuité des activités des concessions. D’autant que le même responsable au ministère de l’industrie, cité plus haut, affirmait à la radio nationale, s’attendre à « une véritable reprise du marché automobile en Algérie au cours du second semestre de l’année en cours ».
Une préoccupation confortée par le fait que ces opérateurs, et contrairement à l’année dernière, n’ont pas été sollicités pour exprimer leurs besoins, alors que certains évoquent même l’engagement des constructeurs à mettre à la disposition de leurs représentants, des quantités supplémentaires de véhicules afin de satisfaire les attentes du marché algérien.
Pour l’heure, les quelques centaines d’unités qui restent encore à livrer à leurs nouveaux propriétaires, permettent de maintenir l’activité, en attendant les importations 2024 et éviter une autre et longue période d’immobilisation.
B.Bellil