La feuille de route du Président déclinée
Industrie automobile
Le marché de l’automobile en Algérie clôture l’exercice 2019 sur fond de crise inédite, de scandales condamnés par la justice et loin, très loin, des objectifs escomptés, à savoir une disponibilité de véhicules répondant aux attentes de la clientèle locale et des prix raisonnables conformes aux largesses consentis par les pouvoirs publics.
La Foire de la production nationale, censée être la vitrine de tout ce qui est fabriqué localement, a été, dans sa 28e édition, qui se poursuivra jusqu’au 28 de ce mois de décembre, le coup de massue porté par le président de la République pour discréditer profondément la pseudo-industrie automobile initiée par Bouchouareb et ses parrains, il y a de cela 5 ans.
Un constat sans appel qui en dit long sur la faillite d’une démarche qui a fait saigner le Trésor public et perdre un temps précieux à notre économie. Lors de sa visite au stand de l’armée nationale, il a clairement souligné que ce qui était pompeusement qualifié d’industrie mécanique n’en était en fait que « des importations déguisées ». Il a également rappelé qu’une véritable industrie automobile ne peut se développer sans une présence consolidée d’un tissu de sous-traitance performant, à même de permettre une intégration locale et, par voie de conséquence, la production de véhicules à des coûts optimisés.
L’échec d’une stratégie
Les premiers dossier traités par la justice ont, non seulement, confirmé l’échec de cette politique mais surtout levé le voile sur un grave manquement aux lois de la République et le détournement de sommes colossales, de transferts de devises vers l’étranger et d’enrichissement illicite.
Au-delà de la symbolique de cette première sortie officielle du président fraîchement élu, c’est sans aucun doute l’esquisse de sa future politique économique qui est ainsi déclinée par bribes au gré de ses haltes au niveau de plusieurs stands représentant autant d’activités qui feront probablement l’objet de profondes refontes de la part du prochain gouvernement.
L’automobile occupera sans aucun doute une part non négligeable dans la politique de redynamisation de l’économie nationale telle qu’elle est d’ores et déjà envisagée par le nouveau Président. Et même si les lignes de cette politique ne sont pas pour l’heure connues, il est désormais attendu que le retour à la configuration actuelle du secteur automobile s’avère peu probable.
De quoi sera fait demain ?
Un économiste et universitaire bien connu de la scène médiatique, ayant fait partie du staff de la campagne du candidat à la présidentielle Tebboune, et qui, depuis le début du Hirak, n’a cessé de dénoncer, sur les différents plateaux de télévision, les dérives économiques du système Bouteflika et les bourdes «criminelles» de Bouchouareb, estime «urgent de mettre le holà à cette gabegie et de reconsidérer fondamentalement cette option qui est arrivée à ses limites avec des dégâts considérables sur nos réserves en devises et surtout qui n’a généré aucune plus-value sur l’économie du pays et encore moins de retombées positives sur la tarification des véhicules importés en l’état».
Une étude au cas par cas de tous les investissements lancés dans le secteur ces dernières années serait prévue dès l’installation de la nouvelle équipe gouvernementale comme préalable à toute mesure de renouvellement ou non des agréments dont la validité a expiré au cours du mois de novembre écoulé. De même que de nouveaux textes réglementaires sont en cours de préparation pour recadrer le projet de développement d’une industrie mécanique nationale qui devrait s’articuler en priorité autour d’une base de sous-traitance locale performante destinée aussi bien à l’approvisionnement des unités de montage locales qu’à l’exportation. En citant comme exemple l’industrie mécanique militaire, le Président Tebboune a d’emblée précisé les contours de sa vision de la véritable intégration locale, tout en annonçant vouloir traiter «certaines pratiques immorales entachant cette opération».
En attendant, la pénurie de véhicules semble s’installer durablement. Une reprise de cette activité ne saurait être envisagée avant plusieurs mois. Dans les show-rooms des concessionnaires, c’est le vide sidéral, à l’exception de quelques modèles qui, à l’évidence, n’ont pas gagné l’estime des clients. Une ambiance de suspense et d’incertitude règne chez certaines marques, dont les représentants sont impliqués dans des affaires de malversation.
B. Bellil