Marché automobile en Algérie : L’année blanche sera-t-elle évitée ?

Les perspectives pour une hypothétique relance de l’activité automobile en Algérie s’assombrissent de plus en plus. De l’année qui vient de s’éclipser subsistent des relents de décrépitude avancée dans ce secteur et de profondes désillusions chez des  milliers de clients en quête d’un véhicule pour leurs besoins de locomotion. 

Les espoirs nés du processus de réorganisation de l’activité automobile initié par le gouvernement au cours de l’automne dernier se sont finalement estompés. Le retour tant souhaité à une situation normalisée semble être reporté aux calendes grecques. 
Les récentes déclarations du ministre de l’Industrie ont eu l’effet d’une douche froide aussi bien sur la corporation que sur les entreprises économiques en attente de nouvelles acquisitions, indispensables à leurs activités. 
En assénant d’une manière tranchante que «le marché des voitures n’est pas une priorité» pour le gouvernement, il laisse clairement entendre que les suspensions des importations vont se poursuivre encore. Et même s’il précise, en parallèle, que l’intérêt est plutôt accordé au développement d’une industrie automobile, cela ne saurait se réaliser avant 3 ou 4 années.

L’argument de la devise
L’argument imparable avancé par Ferhat Aït Ali est la forte baisse des revenus en devises de l’Etat, ce qui nécessite, à l’évidence, une rationalisation dans les dépenses et une affectation étudiée des budgets, en fonction des besoins du pays. Il dira à ce sujet : «Avec la baisse des réserves de change, des prix du pétrole, nous devons préserver les réserves, unique garantie du dinar et de la souveraineté du pays, pour le fonctionnement de l’économie et de la vie publique. Pour cela, il ne faut pas que le citoyen fixe lui-même ses besoins personnels ou catégoriels concernant les importations du pays.» 
Le refus d’un financement en devises des importations du véhicule neuf est accompagné d’un niet catégorique à toute velléité de relance de celle des véhicules de moins de trois ans. Certes, c’est une attitude constante chez ce ministre, mais qui aurait pu se justifier par une reprise des activités des concessionnaires ou d’une production nationale effective. Aujourd’hui, face à une situation de pénurie persistante, un fonctionnement limité des transports en commun, le citoyen est tout simplement livré au diktat des barons du marché de l’occasion qui réalisent, sur son dos, des marges colossales. Les prix des véhicules d’occasion ont, effectivement, atteint des niveaux jamais égalés auparavant. De véritables records de plus-value. Un exemple édifiant de cette regrettable conjoncture, une citadine, Made in Bladi, millésime 2019, 27 000 km au compteur, achetée à 2 450 000 est revendue à 3 500 000 DA, soit un million de dinars de bénéfice net. Il en est de même pour toutes les catégories, toutes les marques et tous les modèles.

 Faire supporter au citoyen les dérives d’une mauvaise gouvernance
À travers ces nouvelles déclarations, le premier responsable du secteur de l’industrie semble suggérer aux citoyens de prendre leur mal en patience et de se préparer, dès maintenant, à une accentuation des effets d’une crise économique et financière qui ne fait que commencer. 
Autrement dit, il aura, encore une fois, à subir, malgré lui, les dérives gravissimes d’une gestion chaotique du pays par les différents gouvernements qui se sont succédé à la barre.
Cette nouvelle sortie médiatique de Ferhat Aït Ali a fait sortir l’opinion publique de ses gonds. Des réactions diverses et variées qui rappellent le poids juridique d’une loi votée par les deux chambres du Parlement et adoptée par le gouvernement et soulignent également que «le véhicule n’est pas une priorité pour le ministre, mais ça l’est pour le consommateur algérien».
D’autant que les perspectives ne laissent présager aucune issue à cet imbroglio, et qu’aucune solution alternative n’est proposée au citoyen, aux entreprises et aux administrations publiques.
Avec les retards pris dans l’étude et l’examen des 180 demandes d’agrément déposées par les différents opérateurs nationaux et étrangers, et le souci, maintes fois renouvelé, de ménager les réserves en devises, il est d’ores et déjà attendu que l’année 2021 soit blanche, ou tout au moins avec des importations particulièrement réduites.
B. Bellil

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