Pièces de rechange auto en Algérie : Quand le « respect » provoque la pénurie

Les pénuries se succèdent et ne se ressemblent pas. Les unes trop visibles pour avoir impacter des millions de citoyens, les autres peu apparentes mais à effet de lame de fond qui risque de perturber à terme, de larges pans de la société et de l’économie nationale.


Il en est ainsi d’une pénurie qui dure depuis plusieurs mois et qui ne fait que s’accentuer, celle de la pièce de rechange automobile. Une crise que vit péniblement des milliers d’Algériens ne savant plus à quelle porte frapper pour faire face à un incident technique ou réaliser une simple opération d’entretien ou de maintenance. Toutes les opérations d’importation ont été suspendues et les professionnels du service après-vente se retrouvent dans des situations complexes face à des engagements clientèles qu’ils n’arrivent plus à honorer.
A l’origine de cette crise, la tentative du ministère du commerce de mettre de l’ordre dans un secteur, longtemps livré à lui même. Tous les opérateurs souscrivant aux importations étaient sommés de réadapter leur registre de commerce en l’élaguant des activités non liées directement à leur cœur de métier. Cette opération d’assainissement, a, sans doute, permis de mettre fin aux agissements de certains opportunistes qui écumaient tous les budgets en devise forte réservés aux importations, mais elle a surtout, paralysé l’activité des sociétés solidement ancrées dans le secteur automobile depuis des lustres et aussi des filiales de groupes internationaux européens et asiatiques présents en Algérie depuis les années 90.


Séparation du véhicule de la pièce de rechange

En effet, et à défaut d’agrément actualisé, il leur est désormais exigé de modifier leur registre de commerce en maintenant les codes liés exclusivement à la pièce de rechange. Autrement dit, ils doivent se délaisser de l’activité d’importation et de vente de véhicule. Une condition sine qua non pour pouvoir reprendre les importations de pièces de rechange et une hérésie à vouloir acter d’une manière irrationnelle la séparation du métier de concessionnaire de voiture, de son corollaire, la pièce de rechange. Pourtant, les textes règlementant cette activité, font obligation aux candidats à cette profession d’assurer pleinement le service après-vente et de disposer de tous les moyens et infrastructures adéquats, notamment ceux réservés au stockage et à la vente de la pièce détachée. D’autant que la responsabilité du non renouvellement des agréments pour ce métier incombe entièrement aux services de l’Etat.
En tout état de cause, cet exercice de haute voltige ne se limite pas à la seule opération de renouvellement du registre de commerce, il est rendu, dans une seconde phase, encore plus complexe par la délivrance du fameux certificat de respect qui permet d’exercer dans le créneau de l’import. Une procédure laborieuse et contraignante qui semble servir d’ultime filtre pour l’accès effectif aux importations.


            Envolée historique des prix

Il est évident que cette décision fait les choux gras des revendeurs de la pièce sur les places fortes, telles que Bab Ezzouar, El Eulma, Ain Mlila, ou encore Tadjenant qui se sont rapidement adaptés à cette nouvelle donne et à qui, on n’exige ni agrément, ni autorisation particulière.
Et si d’aventure, l’un des professionnels de l’automobile accepterait de se soumettre  aux conditions du ministère du commerce, en se désengageant de son activité majeure, la vente de véhicule, il se verra, alors, signifier que le système informatique en charge de cette opération est actuellement hors service.
Au delà de ce scénario surréaliste, les observateurs avertis estiment que ce chamboulement administratif et bureaucratique dissimule, en réalité, une volonté politique visant à réduire autant que faire se peut, les importations et assurer à la fin de l’exercice, un équilibre dans la balance des paiement du pays.
Pour le reste, la pénurie de la pièce de rechange automobile en Algérie est en voie de s’installer dans la durée avec des répercussions inédites sur la disponibilité, la qualité des produits et une envolée historique des prix pratiqués par les revendeurs.

B.Bellil

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