En attendant le retour des importations : L’automobile, le rêve et «la faillite du pays»

De nouveau, l’automobile est propulsée au-devant de l’actualité nationale. Non pas pour des informations concernant une hypothétique reprise des importations, mais, encore une fois, pour les remous provoqués par les dernières déclarations du ministre de l’Industrie dans la presse nationale.
Ainsi, et à défaut d’une animation soutenue dans le secteur, c’est le premier responsable de ce département qui «crée l’événement» par d’autres affirmations qui viennent, comme d’habitude, semer la confusion dans les esprits les plus sages. Désormais, le citoyen est clairement fixé sur l’avenir immédiat de cette activité, la préservation des réserves de change passe avant toute importation «non essentielle», le quota 2021, si quota il y a, sera consacré en priorité aux véhicules utilitaires», le «rêve» caressé par des millions de citoyens pour l’acquisition d’une voiture ne serait qu’une coquetterie portée par une «certaine presse».

Avis contraires indésirables
Après avoir publiquement dénié au citoyen le droit de regard sur ses priorités, le droit à l’information sur la gestion d’un dossier loin d’être classé secret d’Etat, il vient de récidiver en lui contestant la seule once de liberté jalousement conservée, celle du rêve, rien que le rêve… Pour lui, ce rêve, qui «n’est pas réel», peut «mener le pays à la faillite». Un raccourci vite trouvé pour accabler le citoyen de tant de charges et de responsabilités qui n’ont jamais été les siennes. La faillite du pays puise ses origines dans des défaillances historiques de gouvernance et non pas dans les doux méandres d’une évasion cérébrale de millions d’Algériens. C’est la faillite d’une gestion hasardeuse de ce secteur et une incapacité à proposer des alternatives raisonnables à une demande légitime et incontestable. C’est le refus, sans cesse renouvelé, d’élargir les consultations aux experts et aux professionnels dans le domaine. Un entêtement à ignorer les bonnes volontés et les expertises avérées, ou encore à accorder de l’intérêt aux propositions émanant des représentants de la société civile.

Le chaud et le froid
En outre, et contrairement à ses précédentes affirmations portant sur le niet catégorique de dévoiler l’identité des futurs concessionnaires automobiles, le ministre de l’Industrie vient de faire une «concession», en avouant que cette information sera révélée «assez bientôt». Une liste constituée essentiellement de marques chinoises en l’absence des références mondiales de l’automobile.
Aussi, s’est-il fendu d’un appel du pied en direction des «marques étrangères» pour revenir en Algérie «à condition qu’elles trouvent un Algérien résidant comme concessionnaire et non pas associé».
Autre sujet récurrent abordé par Ferhat Aït Ali, les véhicules de moins de trois ans. Tout en renouvelant son rejet de cette option, il regrettera que les pays européens «n’effectuent aucun contrôle lorsque les véhicules sont destinés à certains pays africains». Une hérésie et une esquive des véritables prérogatives des uns et des autres. La responsabilité du contrôle est d’abord et surtout du ressort des services techniques et douaniers algériens. C’est à eux qu’incombe la mission d’autoriser ou de refuser l’arrivée sur le territoire national de tout engin roulant et de sa conformité avec les normes et règlements en vigueur.

À l’origine de la véritable faillite
Ceci étant, les déclarations multiples et contradictoires du ministre n’ont fait qu’épaissir encore davantage la chape de plomb qui pèse sur ce secteur depuis plus de cinq années. Le retour à une situation normalisée, à l’image des pays les moins nantis du continent africain, est de plus en plus improbable.
La situation financière précaire de l’Algérie plombe définitivement les opérations d’importation et les conditions draconiennes imposées aux futurs investisseurs dans la fabrication des véhicules ne sont pas pour encourager d’éventuelles initiatives.
D’autant que les difficultés vécues par les groupes mondiaux ces derniers temps favorisent beaucoup plus la relocalisation au détriment des nouveaux projets dans des contrées aussi incertaines.
Pour l’heure, l’Algérie peut d’ores et déjà se targuer de détenir un record digne du Guinness mondial, à savoir que c’est le seul endroit sur la planète Terre où le véhicule d’occasion coûte plus cher que le neuf. C’est cela l’une des expressions de la faillite du pays et certainement pas le rêve éveillé d’un Algérien en quête d’épanouissement et de mobilité…

B.Bellil

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