Marché de l’Automobile d’occasion : Les lobbys imposent leur diktat
El lieu et place d’un véhicule flambant neuf comme desiderata, le citoyen algérien est désormais contraint de se tourner vers le marché de l’occasion avec sa grille tarifaire qui donne le tournis. Elle n’obéit, à l’évidence, à aucune règle commerciale, d’éthique ou de bon sens.
Deux années pleines sans importation et une autre qui s’annonce tout aussi désertique ont, en effet, fini par remettre à zéro tous les compteurs d’espérance du citoyen. Et contrairement aux autres peuples de la planète entière, il devra, à son corps défendant, se soumettre au diktat des lobbys de l’occasion, s’il décide d’acquérir un véhicule pour la satisfaction de ses besoins de mobilité et ceux de sa famille.
Signe d’une profonde dérégulation de la société, on en arrive, aujourd’hui, à annoncer en grande manchette et à saluer la reprise des activités des marchés hebdomadaires de l’occasion et à rendre compte des funestes records de ventes atteints par des véhicules de plusieurs années d’âge.
Un marché qui échappe à tout contrôle de la part de l’État qui aurait largement gagné en le structurant dans un cadre réglementaire avec une cotation se basant sur les normes universelles de la décote. Un système qui ne saurait, hélas, se mettre en place et se consolider en l’absence d’un véritable marché du neuf.
Des réseaux officieusement structurés
Pour l’heure, seuls les professionnels de la revente ont le droit de fixation des tarifs selon, précisément, cette donne déterminante et selon les marges exponentielles à engranger. Et même si, officiellement, les différents réseaux du pays ne semblent pas activer dans le cadre d’une plateforme commune, il est pour le moins surprenant de constater une certaine «homogénéité» dans les prix pratiqués dans l’ensemble des marchés du pays.
Cependant, il faudra signaler que même durant la période d’interdiction décidée par le gouvernement pour cause de pandémie, l’activité de vente n’était pas pour autant gelée. De nouveaux espaces ont été improvisés par les revendeurs, le plus souvent aux alentours des sites officiels et où les transactions se déroulaient en toute sérénité et impunité. D’autres squattent, à longueur de semaine, des ruelles de certains quartiers des grandes villes. Et sans nous étaler sur les prix surréalistes pratiqués au niveau de ces marchés, l’on se limitera juste à noter qu’on est bien au-delà de ceux des mêmes modèles neufs commercialisés, il y a au moins deux années par les concessionnaires officiellement installés.
Les raisons d’une régression
Ceci étant, le citoyen a-t-il d’autres alternatives que celles de ces hauts lieux de la surévaluation ? A l’évidence, aucune. L’importation des véhicules neufs étant reportée à l’infini, celle des moins de trois ans gelée, il ne reste, en effet, que peu ou pas d’autres moyens pour que le citoyen de l’Algérie de 2021 puisse concrétiser, enfin, son rêve. Il en subsiste, néanmoins, une possibilité, mais qui demeure loin d’être envisageable par tous, celle du recours à la fameuse licence de moudjahidine. Elle est actuellement massivement utilisée par des réseaux spécialisés avec le concours des marques européennes et quelques plateformes asiatiques notamment.
Des lots composites de véhicules, souvent haut de gamme, font ainsi l’objet d’un juteux commerce depuis les ports français mais aussi moyen-orientaux. Les prix de cette licence se négocient actuellement entre 500 000 et 600 000 DA !
Ceci étant, cette situation regrettable et inique que subit l’Algérien, mais dont il n’assume aucunement la responsabilité, relève plutôt de l’incompétence et de la gestion hasardeuse du secteur économique, d’une manière générale, par ceux qui en avaient la charge.
Des errements et des dérives gravissimes qui ont favorisé l’enrichissement rapide au détriment de l’investissement pérenne. Et les perspectives sont loin d’être rassurantes, en raison des capacités financières du pays.
B.Bellil